Changer la couche d’un enfant debout ?

Bonjour,

 

Aujourd’hui, je partage sur le changement des couches des enfants, dans une communauté enfantine, c’est-à-dire une ambiance montessori qui accueille les enfants de la marche assurée (vers 15 à 18 mois ; parfois un peu avant, parfois un peu après) jusqu’à l’âge de deux ans ½ à 3 ans.

J’étais perplexe, et je demandais à voir. J’avais déjà changé mes enfants debout à la piscine, mais au quotidien… ?
Lors de ma formation, j’ai vu des films d’ambiance de communauté enfantine au Japon, qui a répondu à mes questions.
L’espace de change est organisé différemment du Nido. Il n’y a plus de table à langer ; une fois qu’un enfant sait marcher, il ne faut plus l’allonger comme un bébé. D’ailleurs, le rôle et l’attitude de l’adulte sont différents : il ne change plus la couche d’un bébé, il aide l’enfant à changer lui-même sa couche. Pour cela, d’un coté est disposé un panier avec des couches propres : couches culottes blanches lavables. Au milieu, il y un banc, adapté à la taille des enfants. De l’autre coté, il a un panier pour les couches sales à laver, et une petite douche. Il y a aussi un petit wc. Le film montrait partiellement le change (pour l’intimité des enfants probablement…)

 

De retour chez moi, j’ai mis en pratique ce changement de couche en position vertical.

Voilà mon protocole détaillé : je demande à l’enfant s’il veut venir changer sa couche (ou pas), j’insiste seulement quand c’est un moment de change obligatoire (comme avant la sieste). Je le suis jusqu’à ma salle de bain. J’ai ajouté un simple marchepied ikéa.
Je propose à l’enfant d’aller ouvrir son tiroir, de prendre une de ses couches avec son paquet de lingette (ou coton ou autre, cela dépends des enfants et du choix de leurs parents).
Je lui demande de revenir poser tout ça à coté du marchepied.
Je lui demande toujours s’il veut faire ou si c’est moi qui le fais à chaque étape.
D’abord, je déboutonne et je baisse son pantalon.
Ensuite l’enfant s’assoit.
Ensuite je peux enlever ses chaussons, puis son pantalon par les talons.
Puis je demande à l’enfant de se lever.
Ensuite je déboutonne les boutons du body et je les bloque en hauteur entre le pull et le body pour qu’ils ne pendent pas (si l’enfant en porte un).
Je dé-scotche sa couche en lui demandant s’il y a un caca. Premier cas de figure, il n’y en a pas. Je retire la couche, la pose à coté, je prends une lingette et je lui demande d’écarter les jambes et faire comme s’il s’asseyait sur la lingette.
Je remets la lingette dans la couche que je ferme, et je demande à l’enfant s’il veut aller la jeter dans la poubelle prévue à cet effet.
Je demande à l’enfant s’il veut aller sur le pot (qui est aussi dans ma salle de bain…)
Ensuite j’ouvre la couche propre et je demande à l’enfant de se replacer devant le marchepied, d’écarter à nouveau les jambes et de s’asseoir sur la couche et sur le marchepied.
Ensuite, je peux scotcher un coté de la couche pendant que l’enfant est assis.
Je lui demande de se lever à nouveau pour que je puisse scotcher l’autre coté de la couche pour la serrer correctement.
Je reprends les bouts du body pour reboutonner (s’il en a un).
Puis je demande à l’enfant de s’assoir encore pour remettre les pieds dans son pantalon.
Puis de se lever une dernière fois pour remonter et boutonner le pantalon.
Au total, je ne mets pas plus de temps. Sauf quand l’enfant décide de faire certaines étapes, je lui laisse tout le temps dont il a besoin… Quand il décide de faire seul et qu’il s’énerve parce qu’il n’y arrive pas, je patience, et je lui demande toujours s’il veut mon aide avant d’intervenir ; si je l’aide, je l’aide un peu, et je ne fais pas à sa place puisqu’il a décidé de faire seul.

Et s’il y a un caca ? Bon, les premiers jours je continuais de changer l’enfant allongé, plus pratique pour moi, pensais-je… Et l’enfant, inactif, gigotait, demandait un jouet pour s’occuper… Alors que debout il participait activement à changer sa couche, la différence de comportement du même enfant à ces deux façons de faire m’a vraiment frappée. Et la deuxième semaine, quand je me suis sentie prête, j’ai essayé de changer l’enfant debout. Je garde 2 enfants de +2ans, et j’ai pu expérimenter avec des consistances de selles différentes (!). Au final, la technique est la même : D’abord, je préviens l’enfant pour lui demander de faire la statue (demande positive, car demander de ne pas bouger ne fonctionne pas bien…) : « Ah ? Tu as fais caca ? Attends, fais la statue pendant que je sors une (ou plusieurs) lingette… ».  Ne pas hésiter à parler, et tout décrire, car l’enfant est occupé à me regarder parler (!). Ensuite je lui demande, doucement, de s’assoir sur la lingette et de maintenir la position. (j’ai une douche dans la baignoire, pas dans un bac comme dans le film, donc je peux pas demander à l’enfant d’y aller…). Parler encore et encore, et tout se passe bien. Ca m’est arrivé une ou deux fois de réaliser que je m’y prenais mal, et du coup de ré-allonger l’enfant sur la table à langer pour le nettoyer correctement, mais maintenant que j’ai un peu de pratique, j’y arrive à tous les coups ! Je prends mon temps, et je montre à l’enfant ses selles s’il veut les voir (et j’explique pourquoi il ne peut pas toucher).

 

Et petit à petit, l’enfant ira seul sur le pot, à son rythme…

 

A propos des couches lavables : j’y songe, pour le bien-être de l’enfant. C’est pervers pour lui de sentir qu’il se passe quelque chose à l’intérieur de son corps, mais rien à l’extérieur car la couche absorbe tout… Et du coup, le bébé ne prête plus attention à ses signes intérieurs, et plus tard, enfant, il faut qu’il réapprenne… L’idéal serait une couche lavable qui absorbe un peu, étanche pour ne pas mouiller le pantalon, et que l’enfant, dès qu’il est bébé, sente qu’il se mouille quand il fait pipi… A réfléchir…

Analyse : un atelier au RAM !

Bonjour,

L’observation est très importante quand on veut pratiquer la pédagogie montessori.

Je vais donc commencer par écrire un article d’observation d’un atelier qui a eu lieu à la RAM.

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Ce matin, je suis allée à un « atelier », proposé par la RAM (Relais Assistante Maternelle). J’y suis allée avec mon fils Tadéo (âgé de 2 ans 2 mois), un garçon (Gars2 1/2) (2 ans 6 mois), et un troisième garçon (Gars1) (presque 14 mois)…

Je vous décris ce qui s’est passé dans un premier temps, puis j’expliquerai ensuite la différence avec la pédagogie montessori, et surtout pourquoi.

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Avant mon arrivée, l’accueillante du RAM (une éducatrice de jeune enfant) a regroupé 4 petites tables dans un coin de la pièce, qu’elle a installées 2 par 2, et installé 8 chaises autour. Une fois que toutes les assistantes maternelles sont arrivées, elle veut faire faire une activité aux plus grands. Elle sort des feuilles blanches, et en place 2 par table : les feuilles dépassent de quelques millimètres le rebord de la table. Ensuite, elle pose au milieu des pots avec de la colle blanche, et 2 pinceaux sont dans chaque pot.

Tadéo l’a remarqué, et il s’installe en premier. L’accueillante apporte des tabliers de protection, et j’en enfile un à mon fils et un à Gars2 1/2 qui s’installe à coté. L’accueillante demande aux enfants de mettre de la colle sur le papier. Je propose à Tadéo de « peindre » avec la colle, il comprend mieux et Gars2 1/2 l’imite. Ensuite, l’accueillante apporte un panier contenant des coquilles d’œufs cassés, et demande aux enfants d’en mettre sur leurs feuilles. Ensuite, elle leurs apporte des petits pots contenant du sable coloré, et leurs demande de le prendre avec les doigts et le mettre sur la colle (sur la feuille).

Les enfants se débrouillent comme ils peuvent. Je m’éloigne pour me rapprocher du Gars1 qui me réclame, et j’observe. Sur l’autre table, 3 autres enfants sont installés. Leurs assistantes maternelles sont armées de leurs appareils photos, et demandent aux enfants de garder la pose, où de recommencer ! Certains restent 5 à 10 minutes à la table, et laisse la place à d’autres. Tadéo est toujours devant sa feuille, à prendre du sable avec ses doigts, et sourit. L’accueillante le remarque, et dit oralement que, lui, il arrive à bien attraper avec 3 doigts, elle sourit, mais s’approche et lui demande de remettre de la colle parce que le sable tombe de sa feuille… Elle dit oralement qu’elle n’aime pas toucher aux dessins des enfants, et en même temps prend un pinceau pour mettre de la colle sur la feuille de Tadéo, qui regarde ce qu’elle fait. Puis elle s’éloigne et le regarde. Tadéo prend à son tour le pinceau, étale de colle, le repose, et recommence à prendre du sable et mettre par dessus. « Ah ! Il comprit ! » Dit tout l’accueillante, satisfaite, et elle s’approche de lui et lui dit « oh ! C’est beau ! » Tadéo s’arrête, la regarde en fronçant les sourcils, puis il continue de prendre du sable et de le mettre sur sa feuille.  Je remarque alors que Tadéo est le seul à continuer l’activité, qu’il a commencé le premier. Gars 2 1/2 a vomi dès le début de l’activité (sa blouse l’a protégée), et j’ai été occupée à nettoyer, m’occuper de lui et de Gars1, tout en observant Tadéo, et je n’ai pas du tout prêté attention au reste du groupe avant : les autres enfants ont tous terminés depuis un moment (car leurs mains sont lavées et les tabliers enlevés).

Je vois l’accueillante dire à nouveau à mon fils que son dessin est beau. Je pense à ce moment-là qu’il lui renvoie une image positive puisqu’il fait son activité depuis une vingtaine de minutes… Je me souviens que la formatrice disait : « il n’y a pas d’enfant parfait qui renverrait une image parfait d’éducateur »… Et je me suis aussi rendu compte que je me sentais fière que ce soit mon fils qui soit encore sur l’activité… je comprends qu’il est difficile de rester humble !

Et puis, à un moment, Tadéo s’arrête. Il soupire et sourit. Je lui demande s’il veut continuer ou pas, et s’il a besoin de mon aide pour enlever son tablier et aller se laver les mains. Il me répond oui et je vais l’aider.

Je vois que Gars2 1/2 est pâle, et qu’il ne joue pas comme à son habitude. Je lui touche encore le front, il ne semble pas avoir de fièvre…J’envoie un SMS à sa mère.

L’accueillante s’approche de Gars2 1/2, et lui demande s’il veut faire un dessin pour sa maman. Je vois qu’il n’est pas bien, et je lui dis tout haut qu’il peut dire « oui, ou non je n’ai pas envie ». Il lui répète la fin de ma phrase. L’accueillante me propose d’emporter du sable coloré pour que je lui fasse faire l’activité à la maison !

Tadéo se dispute avec un enfant, et il se met à pleurer… Il vient me voir et me demande de rentrer à la maison. Je suis d’accord, et je le lui propose de mettre ses chaussures…

Mais l’accueillante n’est pas d’accord, elle rassemble tous les enfants, et commencer à lire une histoire collectivement… Elle interrompe sa lecture pour demander à un enfant de pousser pour que celui de derrière puisse voir… Je suis embêtée, en général, je pars quand je veux, surtout avec un enfant malade ! J’attends quelques instants, avec Gars1 dans les bras, et puis je vois que Gars2 1/2 va chercher un livre pour l’apporter à l’accueillante, qui lit le livre qu’il a choisit à tout le monde. Tadéo aussi s’est approché…

Mon téléphone sonne. La mère de Gars2 1/2 arrive le chercher (j’ai su le soir qu’il avait une gastro-entérite).

Je laisse les enfants finir d’écouter l’histoire, puis cette fois j’annonce que je rentre que la mère de Gars2 1/2 arrive… J’aide les enfants à mettre leurs chaussures, et je m’étonne que l’accueillante ne lit plus… Et puis je la vois au téléphone du bureau, je suis rassurée, ce n’est pas moi qui a interrompu la séance de lecture…

Fin de mon observation (que je reconnais subjective…)

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Maintenant voici mon analyse de mon observation, par rapport à la pédagogie monstessori.

Je pense que l’activité en elle-même, c’est à dire mettre de la colle à l’aide d’un pinceau sur une feuille, et mettre du sable coloré de dessus, peut être une activité à proposer à un enfant de deux ans dans une communauté enfantine. Je trouve même que c’est bonne idée que je vais reprendre.

Mais l’environnement, l’ambiance, et l’attitude de l’adulte sont contraire à la pédagogie montessori. Et la finalité, le but, de cette activité aussi est différente.

Si je propose cette activité à la maison, dans l’esprit de la pédagogie montessori, voilà comment je procéderais…

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L’environnement d’abord.

Les chaises et les tables étaient trop grandes : Tadéo avait les pieds à 6/8 cm du sol (les autres enfants aussi), et la table était trop haute : elle lui arrivait au niveau des épaules.

Le point de départ de la pédagogie montessori, c’est la liberté du mouvement autonome. Le mobilier devrait être adapté à la taille et à la force des enfants. Il faut avoir différentes tailles, adaptés pour chaque âge. Il faut que les enfants aient les deux pieds par terre, pour qu’ils se sentent en sécurité. Si non, ils ne sont pas ancrés et ne peuvent pas se concentrer.

Pour pratiquer la pédagogie montessori, acheter des meubles à leurs tailles est la première chose à faire. Personnellement, j’ai du mal à trouver des chaises adaptées au tout-petit, et qui coûtent moins de 90 euros. J’ai mesuré la hauteur d’assise qu’il faudrait à Tadéo : 18cm… contre 24 cm actuellement (trouvée à Ikéa et Alinéa…)! (Ah, si quelqu’un habitant sur Bordeaux pouvait m’en fabriquer, avec des hauteurs réglables de 16 à 22 cm, ou scier mes chaises ?!)…

Ensuite, la disposition du mobilier : à cet âge, la simple présence de l’autre empêche de se concentrer… les enfants ont besoin d’une table d’activité individuelle et espacée. Et pour la même raison, les activités sont toujours proposées à un seul enfant (et non un groupe), et toute les activités ne se trouvent qu’en un seul exemplaire. Si un deuxième enfant veut faire la même activité, il doit attendre… (J’expliquerai plus en détails dans un prochain article).

Questionnement sur le déroulement de l’activité…

Avant de la proposer à l’enfant…

« Aide moi à faire par moi-même »… L’enfant doit pouvoir tout faire tout seul, du début à la fin.

Il faudrait mettre les feuilles, la colle et le sable sur un petit plateau, placé sur une étagère à hauteur des enfants (et accessible en permanence, toujours à la même place). Avec un pinceau, et un repose pinceau. A cet âge, un code couleur peut être une aide utile (le plateau bleu, le pinceau bleu, le tablier bleu, etc.) un crochet avec un tablier, que les enfants peuvent enfiler sans aide, serait à coté de l’étagère, et si possible proche d’une table d’activité. Il faut aussi prévoir où l’enfant peut mettre sa feuille quand il a terminé (un bac pour les dessins finis, une corde avec des pinces pour l’accrocher… les deux pour que l’enfant puisse choisir ?) Et pour finir, il faut penser au nettoyage de la table, et prévoir un endroit où disposer du matériel (bassine avec une éponge, balais, ramasse miette), à la taille de l’enfant. Idéalement, l’enfant aurait un accès à un robinet pour remplir seul la bassine d’eau.

[[Chez moi, je n’ai pas d’idée pour le moment… Mon grand de 3 ans et demi arrive à remplir son arrosoir, en montant sur un tabouret, puis en posant son arrosoir plein sur le tabouret, avant de sauter du tabouret, et enfin récupérer son arrosoir… Ah, j’ai une petite idée : peut-être avec une bouteille minérale de 5L munie d’un robinet pour se servir… je la percerais en haut pour la remplir le matin (et en cours de journée si besoin), et je la viderais le soir pour arroser mes plantes…Je poserai cette grosse bouteille sur un tabouret, dans la salle de bain, et je verrais si elle est à la bonne hauteur…]]

Ensuite, je présenterai l’activité à l’enfant. J’ai observé ce matin que l’accueillante n’en a pas fait. Et ensuite, elle est intervenue pour montrer à Tadéo qu’il fallait remettre de la colle pour que le sable ne tombe pas, ce qu’il a refait seul ensuite.

Alors, une présentation de matériel pour un enfant de 2 ans est différente de la présentation pour les 3/6 ans, car il n’aurait pas la patience de regarder du début à la fin… Mais je m’arrête un moment dans ma description de la présentation, car je dois réfléchir à comment présenter l’activité. Car il est essentiel que je présente toujours strictement de la même façon cette activité, pour que l’enfant puisse l’assimiler dans son ensemble, sa globalité et la faire seul. Je me souviens que la formatrice disait qu’il ne faut pas faire faire un gâteau à plusieurs enfants et que l’un mette la farine et l’autre le sucre, car chaque enfant (à cet âge) ne retenait que des bouts de la séquence, et non la recette entière. Et que si nous sommes plusieurs adultes à présenter le matériel, il est indispensable que tous la présente de la même façon, avec les mêmes gestes, et dans le même ordre.

Alors le protocole pour présenter cette nouvelle activité… Je choisis une place définitive pour cette activité. Sauf que j’habite dans un appartement, et que j’ai pas la place de tout mettre. Dans ce cas, il est nécessaire que le même type d’activité se trouve à la place. Et pour changer cette activité, il faut observer l’enfant et voir s’il s’y intéresse toujours ou pas, il n’y a pas de règle de temps, genre tous les mois, c’est l’observation de l’enfant qui peut apporter la réponse de quand changer un matériel, et lequel.

En premier lieu, avec de présenter une nouvelle activité, il est nécessaire de poser la question de sa finalité. Ce matin, l’accueillante voulait que les enfants produisent un dessin de Pâque pour le remettre à leurs parents, et les assistantes maternelles les prenaient en photos pour montrer aux parents ce que leurs enfants ont fait à la RAM… La finalité d’une activité montessori se pose en d’autres termes. Où l’enfant en est-il dans son développement ? Quelle aide au développement lui proposer ? La finalité de cette activité, c’est le développement de la motricité fine, de la « pince », et pas qu’il sache faire un dessin avec de la colle et du sable…. A 2 ans, un enfant ne cherche pas à faire un chef d’œuvre. J’ai proposé à Tadéo de monter son dessin, que l’accueillante a mis dans une poche plastique, mais il n’en a rien fait. L’accrocher à la maison ne l’a pas intéressé non plus… En revanche, prendre le sable coloré avec les doigts et le mettre sur sa feuille, encore et encore, l’a captivé. Je pense qu’il aurait très bien pu mettre le sable d’un pot à un autre, et cette activité plus simple lui aurait tout autant plu… et lui aurait apporter la même aide dans son développement. Quand il ne intéressera plus à cette nouvelle activité, je pourrais changer le contenu à transvaser, des petites perles, des lentilles… La finalité de l’activité sera la même.

Maintenant que je me suis assurée que cette activité est une aide au développement, je dois établir un protocole de présentation. D’abord, aller chercher le plateau sur l’étagère et le poser sur la table. Ensuite, prendre une feuille et la poser devant soi. Puis ouvrir le petit flacon de colle et le poser devant soi (il faudrait donc préalablement proposer à l’enfant une activité avec plusieurs flacons/bouteilles, à visser et dévisser, et qu’il maitrise le geste…). Prendre le pinceau, le mettre dans le pot, et puis peindre la feuille. Poser le pinceau sur le repose pinceau. Prendre le petit bol contenant la sable coloré et l’ouvrir et le poser à coté de la feuille, à droite ou gauche (en fonction de si l’enfant est droitier ou gaucher… et comme je suis droitière, je devrais placer l’enfant à ma gauche pour qu’il puisse bien m’observer). Prendre du sable, avec mon pouce et mon index, et le poser sur la feuille, plusieurs fois. Reprendre le pinceau de colle, le mettre dans le pot et peindre la feuille. Et reprendre du sable pour le mettre sur la feuille. Soupirer avec un sourire de satisfaction. Fermer le pot de sable et le remettre sur le plateau (au même endroit qu’au début). Placer le repose pinceau sur le plateau avec son pinceau. Fermer le pot de colle et le remettre sur le plateau. Prendre la feuille et aller la mettre dans un endroit prévu à cet effet. Prendre le pinceau et aller le mettre dans un pot avec de l’eau… (est-ce que le pot contient déjà de l’eau ?? est-ce que cela alourdi le plateau ?? A réfléchir…). Prendre le plateau et le reposer sur l’étagère, à la même place. Aller chercher l’éponge humide (elle a déjà un endroit prévu dans la cuisine… Ou alors prévoir une autre éponge pour nettoyer la table d’activité, dans un autre endroit, à réfléchir…). Passer l’éponge sur la table. Aller rincer l’éponge (prévoir une bassine dans la salle de bain ??). Aller chercher le balai et passer le balai sous la table. ranger le balai. Fin de l’activité.

Autour de cette activité, il y a plusieurs petites activités (nettoyer la table, passer le balai, ouvrir et fermer un flocon…) Tadéo les a déjà faites, je peux donc lui proposer cette activité, si non, et bien je lui propose d’abord ces petites activités ! Il faut aussi que je réfléchisse à quelques petits aménagements pour répondre à mes questions entre parenthèses dans mon protocole avant de lui présenter cette activité … et toujours de la même façon, c’est à dire que j’ai décidé que ranger d’abord la colle avant le sable, alors je devrais toujours ranger dans cet ordre, pour qu’il absorbe l’activité entière et puisse la refaire seul, incluant le rangement !

Quand le lui présenterai cette activité, nous la ferons ensemble. Je lui proposerai d’apporter le plateau sur la table, puis je lui montrerai comment je met la colle et le sable, une fois. Je lui proposerai tout de suite de le faire à son tour. Quand il aura fini une feuille, on ira ensemble la mettre dans le panier qui sera prévu pour cela. Et je lui proposerai de prendre une autre feuille sur le plateau. Quand il refusera, je ne le laisserai pas partir, et c’est ensemble que nous rangerons les éléments sur le plateau dans l’ordre que j’ai défini, et que nous reposerons le plateau à sa place sur l’étagère, et que nous nettoyons la table si besoin. Je ne le forcerai pas à ranger, mais je m’assurerai gentiment qu’il me regarde faire avant qu’il commence une autre activité, pour qu’il puisse absorber l’activité dans son intégralité… et j’insiste, même s’il ne range pas lui-même, me regarder ranger avant de faire autre chose est une leçon de silence, d’imitation ultérieure, de même que de lâcher le rapport de force. Et puis je veux aussi dire que j’ai observé parfois que certains enfants ne rangeaient pas tout simplement parce qu’ils ne savaient pas où ranger, leurs jouets n’étant pas rangé à chaque fois à la même place… où pas ranger systématiquement, et ce, dès la naissance…

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Attitude l’adulte avant, pendant, après l’activité….

Ce matin, l’accueillante de la RAM est intervenu plusieurs fois.

Avant d’intervenir auprès de l’enfant, quand on pratique la pédagogie montessori, d’abord on s’assoit et on observe. L’enfant a-t-il besoin d’aide ? Toute aide inutile est une entrave au développement de l’enfant… Que fait-il ? A t-il une activité ordonnée, ou désordonnée ?
Ce matin, l’accueillante du RAM est intervenu pour demander à Tadéo de mettre de la colle sur la feuille pour que le sable ne tombe pas ensuite… Et au moins deux fois je l’ai entendu lui dire tout haut que son dessin est beau, et Tadéo s’est arrêté pour la regarder.

Elle est très bien intention, bien sûr. Mais ses intervention ont coupées Tadéo dans sa concentration, dans sa répétition, dans sa construction… Oui, le sable aurait pu tomber par terre et ne pas coller à la feuille (et encore, il est probable que Tadéo aurait ensuite remit le surplus de sable dans le pot…) Mais pour le développement de Tadéo, ses interventions ont été chacune une entrave à son développement. Quand au compliment, il n’a pas sa place non plus dans une pédagogie montessori, (il fera l’objet d’un article plus tard), et ce matin il a eu le même effet entravant, puisque dit à l’enfant pendant qu’il était en pleine activité ordonnée.

Cette activité dans son ensemble, si on regarde le protocole, peut paraitre longue. Mais le rapport au temps est différent. L’enfant se construit, il n’est pas dans l’efficacité.  Il peut passer une heure à mettre du sable sur la feuille, et encore une heure pour ranger et nettoyer la table plusieurs fois s’il le souhaite (même si elle est propre), tant qu’il est concentré, qu’il a une activité ordonnée, il se développe, à son rythme, et l’adulte n’intervient pas.

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Voilà pour mon premier travail d’observation…